A l’heure où les startups et petites entreprises remettent en cause les marchés économiques existants chaque jour en faisant émerger de nouvelles donnes, elles contribuent également à faire mouvoir les contours juridiques de ceux-ci. Pour autant, le recours au lobbying ne constitue que rarement une option envisageable pour les entrepreneurs, par souci de coût mais aussi de réflexe.
Dans une ère ponctuée par le numérique et les nouvelles technologies, l’utilité du lobbyiste est nécessaire pour accompagner les modèles économiques de demain et faire évoluer l’écosystème réglementaire. Cette nécessité ne devrait pas se destiner seulement aux grandes entreprises en mesure d’intégrer ce service à leur budget, les plus petites aussi ont besoin d’intégrer le lobbying à leur stratégie globale. Dès lors, les petites structures de conseil peuvent s’ériger en tant qu’alliées privilégiées des startups pour garantir la pérennité de leur modèle.
Un nécessaire affranchissement des contraintes supposées
Les conceptions péjoratives latentes dans l’imaginaire collectif associant le lobbying aux pratiques permissives des grandes entreprises contribuent à décourager les petites entreprises d’intégrer cette discipline au sein de leur stratégie globale. Pourtant, les pouvoirs réglementaires ont motivé l’intégration des professionnels du lobbying comme parties prenantes de la vie publique notamment à travers la loi Sapin 2 rendant transparentes les pratiques associées. A cette barrière d’entrée s’agrègent les coûts d’entrées parfois trop onéreux des prestations délivrées par les cabinets d’affaires publiques.
Les entrepreneurs ne devraient pourtant pas tourner le dos aux lobbyistes mais dans certains cas en faire une priorité stratégique. Cristallisant leurs préoccupations sur la pertinence de leur produit, la pérennité de leur business model, l’attention soutenue vis-à-vis de la concurrence, les entrepreneurs éprouvent des difficultés à jauger le retour sur investissement du recours à un tel service. Pourtant, l’impact d’une nouvelle législation sur une jeune entreprise peut s’avérer irréparable en compromettant l’intégralité de la stratégie d’une entreprise. La protection des intérêts d’une entreprise devient alors vitale afin d’anticiper les évolutions réglementaires et d’être en capacité d’y réagir.
De la créativité du lobbying des entrepreneurs
En France, souvenons-nous de l’opération créative de lobbying pour Heetch : un cas d’école dans l'hexagone, tant l’opération mêlant publicité, engagement de publics sur un ton humoristique, nouveau, a détonné. Quelques années plus tôt, la détection de radars de la sécurité routière Cow-Boy avait amorcé les enjeux d’affaires publiques des jeunes pousses, mais dans une démarche dans ce cas-là plus traditionnelle.
Startup et lobbying : un partenariat impulsé par les pouvoirs publics eux-mêmes
Aux Etats-Unis, la perception du lobbying comme nécessité vitale pour les startups a déjà été comprise depuis quelques années. Les majors de l’internet ont insufflé le changement mais le véritable tournant est apparu avec Uber et Airbnb qui ont recruté des lobbyistes, dès leur naissance, parfois issus de l’administration américaine pour garantir la sauvegarde de leurs premiers intérêts. Si les dépenses en lobbying des GAFA ont vite dépassé celles du secteur automobile, les plus petites entreprises ont suivi le pas. Cette démarche s’est avérée différenciante notamment lors de la lutte en France entre les taxis et les VTC.
Les startups françaises disposent alors de toutes les raisons de recourir au lobbying notamment sous l’égide d’un environnement favorable institué par le gouvernement français, partisan de la “startup nation”. A l’heure où de nombreux entrepreneurs ont intégré l’hémicycle et de la constitution de groupes d’études parlementaires destinés aux problématiques entrepreneuriales, les startups jouissent d’opportunités significatives pour s’insérer dans le débat public.